L’impasse électorale persiste

Nouvelle annonce d’élections le 24 janvier, sans garantie absolue

08/01/2016
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P-au-P, 6 janv. 2016 -- Le Conseil électoral provisoire (Cep) souligne qu’ « il est en mesure de garantir l’organisation du deuxième tour » de la présidentielle, des élections législatives partielles et locales, le dimanche 24 janvier 2016, dans une correspondance en date du 5 janvier, adressée au président Michel Martelly.

 

Cette garantie est donnée « dans la mesure où cette nouvelle date fixée pour la tenue du scrutin permettra à l’institution électorale de faire face aux contraintes des activités préalables à la tenue des joutes électorales », précise la lettre.

 

Cette nouvelle mesure survient à l’issue d’une rencontre urgente organisée le 5 janvier entre l’exécutif et le Cep pour discuter sur la question des élections toujours dans l’impasse.

 

Préalablement, le second tour de la présidentielle a été annoncé pour le dimanche 17 janvier 2016 par le chef de l’Etat qui comptait publier dans les jours à venir un arrêté pour convoquer le peuple en ses comices.

 

Le Cep, qui avait auparavant laissé planer des doutes sur le respect des échéances constitutionnelles du 11 janvier 2016 pour la rentrée parlementaire et du 7 février pour l’investiture du président élu, s’engage maintenant à les respecter.

 

Persistance de l’impasse électorale

 

Dans une note en date du 5 janvier 2016, le candidat à la présidence pour la Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne (Lapeh), Jude Célestin, attendu au second tour de la présidentielle face à son rival Jovenel Moise du Parti haïtien tèt kale (Phtk) au pouvoir, appelle le gouvernement à appliquer les recommandations de la commission d’évaluation électorale pour que le processus puisse inspirer confiance à la population.

 

La commission a recommandé un dialogue entre les différents acteurs politiques impliqués dans la crise électorale en vue de trouver un compromis raisonnable et des changements au sein du cep et toute la machine électorale, rappelle-t-il.

 

Elle a également demandé l’ouverture d’une enquête pour découvrir les personnes impliquées dans les irrégularités notamment celles qui s’assimilent à de la fraude, poursuit-il.

 

Pour sa part, le Sénat de la république insiste sur la vérification des décisions des bureaux du contentieux électoral départemental (Bced) et bureaux du contentieux électoral national (Bcen), l’épuration de l’appareil électoral et la nécessité d’un dialogue et d’un consensus au profit d’une poursuite saine du processus.

 

Il encourage aussi « le parachèvement du processus électoral afin d’éviter que, comme par le passé, des circonscriptions entières ne restent sans représentation au parlement ou soient représentés par des élus, traînant un déficit de légitimité ».

 

« Au terme du processus ainsi conduit dans la sérénité et l’honnêteté, hors de toute contestation ou crise, les parlementaires élus, en effectif complet, seront appelés à s’inscrire en bonne et due forme pour l’ouverture solennelle, en assemblée nationale de la 50e législature », exige le Sénat.

 

Entêtement de la communauté internationale

 

De son côté, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu), Ban Ki Moon exhorte les autorités haïtiennes et les acteurs politiques à terminer le processus électoral « dès que possible », de manière transparente, inclusive et crédible, dans un communiqué daté du 5 janvier, transmis à AlterPresse par les services des Nations unies

 

Rappelant que le parlement n’est plus fonctionnel depuis janvier 2015, il souligne l’importance d’inaugurer la nouvelle législature dans les délais fixés par la Constitution, afin d’assurer le renouvellement des institutions démocratiques et de consolider la stabilité politique en Haïti.

 

Dans ce contexte de confusion et de suspens, la communauté internationale continue de miser sur la poursuite du processus électoral en vue de faire respecter les échéances constitutionnelles.

 

L’ambassadeur Thomas Shannon, conseiller du secrétaire d’Etat américain John Kerry, est en visite de travail en Haïti, à partir de ce 6 janvier.

 

Entre temps, dans le journal le Moniteur en date du 5 janvier, l’exécutif a publié les résultats controversés des élections législatives du 25 octobre 2015.

 

Le 1er janvier 2016, le président Michel Martelly a annoncé qu’il procéderait à l’investiture de la 50è législature le 11 janvier 2016.

 

Une dizaine de candidats aux élections de 2015, réunis au sein du « Collectif des candidats élus victimes du Cep », entendent s’opposer à toute tentative de l’Exécutif, de l’institution électorale et du Core Group de doter le pays d’élus illégitimes.

 

De leur côté, diverses personnalités issues de secteurs multiples ont lancé une pétition en faveur de l’annulation des élections des 9 août et 25 octobre 2015, en vue de trouver une solution à la crise que traverse le pays.

 

Les pétitionnaires dénoncent toute tentative du pouvoir, visant à contraindre le peuple haïtien à accepter ces élections qualifiées de frauduleuses.

 

La poursuite du processus en l’état, a-t-il encore un sens après le rapport émis en date du 3 janvier 2016 par la commission d’évaluation électorale, faisant part d’irrégularités d’apparences de fraudes graves ?

 

Le Cep aura-il réellement le temps de tout mettre en oeuvre pour respecter les délais constitutionnels ?

 

L’annulation des élections permettrait-elle de trouver une issue définitive à la crise politique et de réformer une fois pour toutes le système électoral ?

 

Autant de questionnements qui surgissent dans une conjoncture de plus en plus incertaine et qui s’accélère de manière vertigineuse.

 

http://www.alterpresse.org/spip.php?article19469#.Vo_SsE9lGyc

https://www.alainet.org/fr/articulo/174641
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