18 décembre, journée internationale des migrants

Les migrants entre indifférence et espérance (éléments de bilan pour l’année 2014)

19/12/2014
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Bogotá (Colombie), 17 déc. [AlterPresse] --- 2014 représente, pour les 230 millions de migrantes et migrants internationaux - parsemés à travers le monde -, une année ponctuée, à la fois, par l’indifférence croissante des États et sociétés d’accueil à leur égard, et des signes d’espérance, manifestés par la lutte de tant d’organisations et de mouvements sociaux pour la défense et la promotion des droits humains de ces « nouveaux laissés pour compte » de la société globale, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
 
Une indifférence de plus en plus croissante
 
L’indifférence, envers les migrantes et migrants, constitue l’attitude qui prédomine dans le monde.
 
L’humanité, surtout les pays riches - tels que l‘Europe et les États-Unis d’Amérique -, fait la sourde oreille aux cris désespérés de centaines de milliers de personnes qui fuient la guerre, les conflits armés, la misère, les violations de droits humains, les conséquences désastreuses des politiques économiques erronées, les catastrophes liées à l’environnement et provoquées par l’être humain.
 
Les principales causes des migrations, susmentionnées, ne cessent point de s’intensifier partout dans le monde, alors que les pays riches des cinq continents n’ont pas encore flexibilisé leurs politiques et lois migratoires et de refuge.
 
Le Pape François, chef de l’église catholique romaine, les mouvements sociaux, les défenseurs de droits humains, les personnes qui accompagnent les migrantes et migrants, les organisations non gouvernementales ont lancé des critiques contre le durcissement législatif, la fermeture des frontières, la politique de détention systématique et le refoulement des potentiels demandeurs d’asile, sans le respect du processus en bonne et due forme.
 
Par voie de conséquence, ont continué de plus belle les tragédies, dans lesquelles les migrantes et migrants, en quête de sécurité et de meilleures opportunités sous d’autres cieux, perdent leur vie.
 
2014 ne fait pas exception à cette triste équation lugubre : les mesures de durcissement législatif et de fermeture des frontières, prises par les États d’accueil, rendent de plus en plus périlleuse la trajectoire des migrantes et migrants vers ces pays de destination.
 
Les statistiques parlent d’elles-mêmes, quant au nombre de migrantes et migrants ayant péri dans les tragédies, enregistrées au cours de l’année 2014.
 
3.419 migrantes et migrants sont morts en tentant de traverser la Méditerranée pour atteindre l’Europe, selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Hcr).
 
La majorité d’entre eux (près de 80%) proviennent des côtes libyennes, tandis que les autres viennent d’autres pays africains, actuellement en guerre, et aussi de l’Ukraine, de la Syrie et de l’Iraq.
 
Dans le golfe de Bengale, en Asie (dans le Sud-Est asiatique), 54,000 migrantes et migrants, originaires de Bangladesh et de la Birmanie, ont péri en 2014, en tentant de rejoindre la Thaïlande et la Malaisie, rapporte le Hcr.
 
La Mer Rouge et le golfe d’Aden ont vu aussi naufrager 242 migrants, alors que, dans la Mer des Caraïbes, plus de 70 personnes, dont des Haïtiens, sont mortes ou portées disparues au cours de leur trajet vers les côtes étasuniennes de Miami.
 
En Haïti, les mauvaises conditions de vie, le désespoir des jeunes, les conflits politiques à répétition, la persistance de la crise humanitaire après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, l’incapacité des dirigeants haïtiens et de la communauté internationale à répondre, de manière efficace, aux besoins urgents de la population haïtienne, continuent d’expulser les compatriotes vers des cieux plus cléments : chez le pays voisin en République Dominicaine, au Nord (Miami et les Îles des Caraïbes) ou au Sud (le Brésil et le Chili).
 
Les frontières du Mexique avec les États-Unis d’Amérique constituent un cimetière à ciel ouvert, où les migrantes et migrants, principalement centraméricains, sont kidnappés, violés et mutilés au jour le jour, et leurs défenseurs constamment menacés et assassinés en toute impunité.
 
En Amérique du Sud, s’intensifie la discrimination contre les migrants colombiens dans plusieurs pays de la région, dont le Venezuela, le Chili et l’Équateur.
 
Un nombre de plus en plus accru de Colombiens à peau noire (appelés Afro-colombiens) ont émigré vers le Chili, en passant par le Pérou, fuyant Buenaventura, ville colombienne confrontée à la violence au cours des dernières années.
 
L’indifférence envers les migrantes et migrants se mondialise de plus en plus, alors que les vagues de migrants affluent vers les pays riches et que les tragédies mortelles continuent dans les frontières et dans la mer.
 
Les horizons paraissent sombres pour l’année 2015.
 
Motif d’espérance, malgré tout
 
Pourtant, la lutte pour le respect de la dignité et des droits humains des migrantes et migrants, la guerre contre la xénophobie et l’appel à l’hospitalité, à la solidarité et à la fraternité envers ces nouveaux « laissés pour compte » demeurent le cheval de bataille de millions d’êtres humains, espérant en une autre mondialisation hospitalière, en un autre monde plus humain.
 
Cette lutte se déploie sous tous les fronts : à l’université, dans les écoles, les églises ; au sein des organisations non gouvernementales, des mouvements locaux et globaux ; à travers le journalisme engagé, les groupes altermondialistes, l’art, la musique, le théâtre, les médias alternatifs ; depuis le foyer, les centres d’accueil, les hôpitaux, les prisons, les tribunaux, l’assistance humanitaire, la coopération internationale, etc.
 
Le phénomène des migrations se convertit, de plus en plus, en une plateforme mondiale, qui articule les différentes luttes, en vue de la construction solidaire et créative d’autres futurs possibles et d’un monde multicolore.
 
C’est un motif d’espérance.
 
18 décembre 2014
https://www.alainet.org/es/node/166290
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