Amérique du Sud : L’intégration régionale prend forme avec l’Unasur

01/09/2009
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L’Union des Nations sud-américaines (Unasur) semble sortir grandie des séquelles du conflit qui a éclaté entre ses douze pays membres, en raison des négociations que réalise actuellement la Colombie avec les États-Unis d’Amérique autour d’un accord bilatéral de coopération militaire.
Le sommet extraordinaire de l’Unasur, tenu le 28 août dernier à Bariloche (Argentine) autour de cet accord militaire colombo-américain très controversé, montre une fois de plus que ce projet d’intégration régionale prend de plus en plus forme et ce, au-delà des conflits idéologiques et d’intérêts existant entre ses pays membres.
« Consolider l’Amérique du Sud comme une zone de paix »
Les douze chefs d’État de l’Unasur ont manifesté, dans une déclaration conjointe signée à la fin du sommet de Bariloche, leur volonté de « consolider l’Amérique du Sud comme une zone de paix », en cherchant à résoudre les conflits existant entre eux par la voie du dialogue et par des mécanismes de confiance mutuelle.
Ils se sont également entendus sur la nécessité de renforcer le rôle du Conseil Sud-américain de Défense, dont la création a été approuvée lors d’un sommet extraordinaire de l’Unasur à Salvador de Bahía (Brésil) les 16 et 17 décembre 2008.
Défini comme un mécanisme de coopération régionale en matière de défense, cet organe est désormais investi du rôle de définir une doctrine de sécurité pour la région, tout en implémentant des mécanismes concrets visant une plus grande transparence dans la lutte des pays membres contre le trafic illicite d’armes et de drogue et contre le terrorisme, selon le même document.
Discussion multilatérale inédite sur un pacte militaire
Cette déclaration importante surgit dans un contexte difficile où les leaders de l’Unasur ont échoué à maintes reprises (notamment lors de la réunion ordinaire de l’organisme le 10 août dernier à Quito) dans leur tentative de trouver une issue au conflit résultant de l’accord qui permettra à l’Armée américaine d’installer sept bases militaires sur le territoire colombien.
Le simple fait pour les chefs d’État de se réunir pour discuter d’un accord militaire entre un pays de la région et une force armée étrangère constitue, selon des analystes et même des militants des organisations latino-américaines, un fait inédit.
« C’est la première fois en Amérique du Sud qu’un thème de coopération militaire se discute dans un espace multilatéral », a reconnu le militant Jorge Rojas dans son article publié sur l’Agence latino-américaine d’information (Alai) La agenda de Bariloche : repercusiones de la Cumbre de Unasur.
L’accord colombo-américain vu comme cheval de Troie
Certaines Nations de l’Unasur, notamment celles à tendance socialiste telles que le Venezuela, la Bolivie, l’Équateur et le Brésil, voient dans cet accord une menace de guerre pour la région « sous prétexte de la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue », alors que la Colombie le considère comme une décision souveraine qui n’entrainera aucune « intervention dans les affaires internes d’autres pays ».
S’appuyant sur le Livre Blanc du Commando de la Mobilité Aérienne (CMA) de l’Armée américaine, le président vénézuélien Hugo Chávez a soutenu que ces bases en Colombie seront utilisées par les États-Unis d’Amérique pour lancer « une offensive de guerre dans la région ».
Face au refus du président colombien de révéler les termes de ce pacte militaire, la majorité des leaders de l’Unasur « ont fait la proposition de solliciter du président étasunien Barack Obama une réunion » à ce sujet.
De son côté, le président colombien Álvaro Uribe a défendu dans la réunion de Bariloche l’accord militaire qui, selon le chef d’État, fait partie de la coopération « pratique et efficace » des États-Unis d’Amérique avec la Colombie dans la lutte menée par le pays sud-américain contre le trafic de la drogue et les groupes « terroristes », tels que les Forces Armées Révolutionnaires de la Colombie (Farc).
« L’accord respecte la souveraineté de la Colombie et ne portera pas atteinte à celle de ses pays voisins », a tenté de rassurer Uribe à ses homologues.
L’Unasur a pris une position conciliante
Loin de dénoncer l’accord, selon le vœu des leaders de la gauche latino-américaine et des mouvements sociaux de la région, l’Unasur a simplement réaffirmé que « la présence de forces militaires étrangères ne peut en aucun cas menacer, en accord avec leurs objectifs et les moyens et ressources dont elles disposent, la souveraineté et l’intégrité de n’importe laquelle des nations sud-américaines et, en conséquence, la paix dans la région ».
L’organisme régional n’a fait aucune allusion directe ni à la Colombie, ni aux États-Unis d’Amérique.
Par contre, les douze chefs d’État se sont engagés à « établir un mécanisme de confiance mutuelle en matière de défense et de sécurité » en vue d’une plus grande transparence, mais tout « en respectant les principes de souveraineté, d’intégrité, d’inviolabilité territoriale et de non ingérence dans les affaires internes des États », ont-ils précisé dans la déclaration.
Née à Cuzco (Pérou) le 8 décembre 2004, mais officialisée à Brasilia le 28 mai 2008, l’Unasur regroupe l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, la Colombie, le Chili, le Surinam, l’Équateur, l’Uruguay, le Paraguay, le Venezuela, la Guyane et le Pérou.

 

- Wooldy Edson Louidor / AlterPresse
https://www.alainet.org/es/node/136110
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